Histoire de la recherche contemporaine française

Histoire de la recherche contemporaine française de la fin du 19ème au début du 21ème siècle.
Conférence du 18 septembre 2021, par Mustapha Aliouat, ancien responsable administratif du site de recherche Forêt-Bois de l’INRA Bordeaux-Aquitaine.

Introduction

Dessin d'une pomme dans laquelle est écrit le texte suivant : Des millions de gens ont vu tomber une pomme, Newton est le seul qui se soit demandé POURQUOI.

Dans l‘imaginaire collectif, nous pouvons trouver 3 images fortes associées au mot Science :

  • la pomme de Newton,
  • la baignoire d’Archimède,
  • le garage de Bill Gates.

Ces images bien pratiques véhiculent la croyance que :

  • la Science est le fruit du simple Hasard et d’une soudaine inspiration,
  • l’activité scientifique est portée par des individus seuls et déconnectés du réel,
    sans nécessairement avoir de gros moyens matériels et sans effort.

Mais la réalité est tout autre.

Dessin figurant Louis Pasteur assis devant son bureau
Louis Pasteur @Pixabay

« Le hasard ne favorise l’invention que pour des esprits préparés aux découvertes, par des patientes études et de persévérants efforts. ».

Louis Pasteur

Pour paraphraser Thomas Edison :

  • « l’activité scientifique, c’est 99% de transpiration et 1% d’inspiration »
    (« le génie c’est 99% de transpiration et 1% d’inspiration »)

Dit autrement, la recherche est une démarche méthodique, un travail collectif et une œuvre de longue haleine.

Spontanéité, rapidité et absence totale d’efforts, sont des notions bien éloignées de la réalité !

Quelques définitions

Avant d’aller plus loin, voyons quelques définitions :

Illustration de formules mathématiques
Formules mathématiques
  • L’étymologie du mot science vient du latin scientia, qui veut dire connaissance, ou savoir du verbe scire.
  • Il n’y a pas une Science, mais des Sciences :

    – La recherche fondamentale, dite académique : elle a pour but d’acquérir de nouvelles connaissances, sans envisager une application ou une utilisation particulière à court terme.
    – La recherche appliquée : les travaux sont entrepris en vue d’acquérir des connaissances nouvelles qui conduisent vers un but précis.
    Exemple : Trouver un vaccin…
    – La recherche finalisée : les travaux sont entrepris pour répondre aux besoins et attentes de la Société.
    Exemple : Améliorer la sécurité alimentaire.

Ces Sciences regroupent plusieurs disciplines : Mathématiques – Génétique – Biologie – Chimie…

La Science n’est donc pas une entité homogène, qui a une pensée et un discours unique.

Contexte historique de la naissance de la Science moderne 

Entre le 18ème et la 1ère moitié du 20ème siècle, une nation qui avait l’ambition d’occuper le statut de grande puissance, se devait de détenir impérativement, quatre atouts :

  • une population nombreuse et laborieuse,
  • un grand territoire,
  • des matières premières, en grandes quantités : charbon, fer, pétrole, gaz…,
  • une industrie lourde aux capacités de production importantes : aciéries, fonderies, sidérurgies…

Pour chaque atout, l’unité de mesure est le million.

  • million d’habitants et d’ouvriers,
  • million de km2 pour son espace géographique,
  • million de tonnes de production et 
  • million de soldats !

C’est le cas des États-Unis, des Empires britannique, français et allemand…. Puis, plus tard, du Japon et de la Russie.

Ces puissances impériales ont de puissants groupes industriels : US Steel / Standard Oil (E-U) – BP (R-U) – Schneider (France)- Krupp (Allemagne), sont les auxiliaires de leur puissance impériale.

Quelles sont les grandes étapes du développement d’une recherche moderne ?

De la fin du 19ème au début du 21ème siècle, le développement de la Recherche scientifique contemporaine en France s’est effectué sur plusieurs périodes :

1ère partie

1ère période : des années 1880 à la fin des années 1930, naissance d’une Recherche moderne, 
2ème période : de la Libération à la fin des Trente Glorieuses, la Recherche devient la pièce maîtresse d’une stratégie de construction.

2ème partie

3ème période : des années 1980 – 1999, la Recherche force de frappe du développement économique,
4ème période : 2000 à nos jours, l’européanisation de la Recherche.

La 1ère phase est marquée par des personnalités scientifiques hors norme : Louis Pasteur – Marie Curie – Jean-Perrin, mais aussi des Universitaires de premiers plans.

La particularité de ces scientifiques, grâce aux prestigieuses distinctions qu’ils ont obtenues (Prix Jecker, Prix Nobel, Médailles…) étaient aussi d’être des lobbyistes qui ont su, grâce à leurs multiples talents, s’allier l’appui de responsables politiques, académiques et des souscripteurs privés internationaux.

Ces personnalités scientifiques, nées au 19ème siècle, sont l’archétype des chercheurs des temps modernes.

En effet, ce qu’on demande aujourd’hui à tout bon scientifique, de n’importe quel laboratoire de recherche, en plus de Produire de la recherche, c’est de :

  • Publier dans des Revues internationales (Nature, Science, The Lancet, Physical Review…) à savoir, des articles scientifiques avec la structure IMRAD (Introduction, Méthodologie, Résultats, et Discussion),
  • Déposer des brevets…,
  • chercher des financements (Contrats de recherche, Europe-Région-Partenaires privés…),
  • communiquer sur ses travaux (colloques, conférences internes et internationaux…),
  • encadrer des doctorants… 

Au cours de la 2ème et 3ème période, c’est l’État qui devient le grand architecte du développement d’une recherche moderne, avec la création de nombreux Instituts et Organismes scientifiques et technologiques.

Dans la 4ème période, c’est l’Europe qui devient la locomotive de la Recherche et Développement, en finançant des projets de recherche et l’achat de matériels lourds.

Les pionniers de la recherche moderne

Laboratoire de l'Institut du Radium, Paris
Laboratoire de l’Institut du Radium, Paris

A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, la science est produite essentiellement par des Universitaires, dans des labos des facultés des Sciences. Ces laboratoires ressemblaient plutôt à des ateliers de mécaniques ou d’électriciens, éclairés par des lumières blafardes, avec des paillasses ressemblant plus à des établis.

La recherche scientifique d’alors était balbutiante. Les crédits alloués aux activités de recherches étaient très modestes et les rémunérations des personnels peu attrayantes.

Pourtant, grâce à ses savants, la Science française joua un rôle de 1er plan dans la recherche mondiale : Henri Becquerel, Henri Poincaré, Paul Langevin… ainsi que de nombreux autres savants ont contribué à son rayonnement mondial.

Nous en retiendrons trois : Louis Pasteur, Marie Curie et Jean Perrin. Nous ajouterons un 4ème : Maurice Vèzes Prof. de Chimie.

Pourquoi ? Ceux-ci préfiguraient les chercheurs du 20 et 21ème siècle. Visionnaires, ils sont l’archétype du chercheur moderne. Ils surent gagner l’appui de responsables politiques, académiques et des financiers privés nationaux et internationaux, pour réaliser leurs projets.

Portrait de Louis Pasteur
Louis Pasteur
Portrait de Marie Curie
Marie Curie
Portrait de Jean Perrin
Jean Perrin
  • En 1887, Louis Pasteur, chimiste de formation, pionnier de la microbiologie, crée à Paris le 1er Institut de recherche privé, qui porte son nom. 
  • En 1909, Maria Salomea Sklodowska, plus connue sous Marie Curie, immigrée polonaise et 1ère femme doublement nobélisée (1903 Physique et 1911 Chimie), crée l’Institut du Radium*, (deviendra l’Institut Curie en 1978) après la tragique disparition en 1906, de son mari Pierre Curie.
  • En 1926, Jean Perrin obtient le Prix Nobel de Physique. En 1927, il fonde avec l’appui de son ami Léon Blum et de la Fondation Rothschild,l’Institut de Biologie Physico-chimique à Paris.

Autre grande personnalité scientifique : En 1920, le professeur de chimie Maurice Vèzes, de la Faculté de Bordeaux, travaillant sur la résine de pin maritime, crée avec son jeune collègue Georges Dupont l’Institut du Pin de Bordeaux. Là aussi, le financement sera assuré principalement par des contributions de l’Industrie des résines. Mais un financement basé sur le mécénat n’est pas suffisant. C’est pourquoi Jean Perrin crée en 1930 la Caisse nationale des sciences, pour assurer la pérennité du financement de la recherche.

Autre fondation : En 1937, Jean Perrin crée le Palais de la Découverte à Paris.

Oct. 1939 : Six semaines après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, le jeune Ministre de l’Éducation Nationale, Jean Zay, avec l’infatigable Jean Perrin créent le CNRS. Il deviendra le 1er organisme public de recherche en Europe, regroupant toutes les disciplines scientifiques existantes.

C’est la fin de la 1ère phase. Cette tranche de l’histoire moderne de la Recherche aura duré plus d’un demi-siècle. C’est grâce à ces Nobel nés au 19ème siècle que fut façonnée la Science moderne en France. 

« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre »

Marie Curie

Les belles paroles de Marie Curie sonnent sur ces 50 années de plomb l’entrée dans la modernité de la Recherche française.

La Science faiseuse de victoires

Avec les deux guerres mondiales la Science devient la faiseuse des victoires. Grâce à la chimie, la physique et aux mathématiques,  de nouvelles armes font leur apparition. Tanks, sous-marins, radar, fusées (V1-V2) avions à réaction, bombe atomique, ordinateur (ENIAC).

La démonstration est faite que les matières premières, charbon, pétrole, gaz, fer, ne sont plus suffisantes pour gagner une guerre moderne. La Matière grise supplante désormais les matières premières ! La Science devient un acteur incontournable dans la vie des nations.

Pour reconstruire un pays exsangue, moderniser une agriculture ravagée, recouvrir le rang de grande puissance, la France, comme l’ensemble des grands pays, doit impérativement développer sa Recherche scientifique en créant des Instituts et des Organismes de recherche bien équipés. Seul l’État peut mettre en place une politique ambitieuse.

Question : les paroles de Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » pourront-elles aiguiller l’énergie créatrice des hommes ?

2ème période : de la Libération à la fin des Trente Glorieuses

La Libération sonne le démarrage de la 2ème phase de construction et de modernisation de la Recherche. Elle s’étendra durant les Trente Glorieuses.
Ce sont des dirigeants visionnaires qui prennent le relais, des personnalités scientifiques hors norme, pour poursuivre la construction de la Recherche.

Nous assistons alors au lendemain de la Libération à l’éclosion de nouveaux établissements de recherche englobant l’ensemble des sciences connues.

La Recherche est une pièce maîtresse de la stratégie de reconstruction 

1. Dans le domaine nucléaire

Portrait de Frédéric Joliot-Curie
Frédéric Joliot-Curie

Oct. 1945 : le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) est crée, avec à sa tête Frédéric Joliot-Curie, Prix Nobel de Physique.

2. Dans le domaine aéronautique

Mai 1946 l’ONERA (Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales) est créé avec l’insistance de Frédéric Joliot-Curie, sous l’autorité de Charles Tillon (PCF), Ministre de l’Armement.

3. Dans le domaine de l’Agriculture

1946 : L’INRA est créée pour répondre à une demande sociale pressante « nourrir la France » (sous l’autorité du Ministre François Tanguy-Prigent SFIO).
Sa mission est d’associer science et technologie afin d’améliorer les techniques de l’agriculture et d’élevage. Jacques Poly est une des grandes figures charismatiques de l’INRA. Il est à l’origine d’une Loi sur l’Élevage, dite Loi Poly du 28 décembre 1966. C’est une recherche finalisée qui est menée, pour atteindre l’auto-suffisance alimentaire.

 Albert Demolon, président de l’Académie d’Agriculture, participe à la création de l’INRA. Charles Crépin devient son 1er directeur.

4. Pour accompagner la reconstruction

1947 : le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) est créée.

Durant les fameuses Trente Glorieuses, des dizaines d’autres organismes de recherche verront le jour.

1958 : le CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), (IRD aujourd’hui)

1959 : le BRGM (Bureau de Recherche Géologiques et Minières),

1964 : l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale),

1967 : l’INRIA, (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) etc…

La période des trente glorieuses s’achève dans un climat morose. Le chômage explose, l’inflation à deux chiffres galope.  Pourtant, grâce à ses chercheurs et ingénieurs et ses grands Instituts de Recherche, le bilan des 35 ans est très honorable

La Recherche française se distingue dans de nombreux secteurs :

  • le nucléaire militaire et civil,
  • l’espace avec les programmes Ariane,
  • l’aéronautique civil et militaire, Concorde, Airbus et Dassault,
  • les transports avec le TGV.

La recherche agronomique a atteint l’objectif de nourrir l’ensemble de la population française, mais aussi d’être le 2ème exportateur mondial dans l’agroalimentaire.

La France fait partie des grandes puissances scientifiques et technologiques. Alors pourquoi le futur fait-t-il peur à la société française ? Sans doute, à la veille de l’an 2000 les défis scientifiques, technologiques, économiques et environnementaux paraissent titanesques.

Coincée entre les poids lourds que sont les États-Unis et la Russie et les nouveaux arrivants, la Chine, Taïwan, la Corée du sud, l’Inde, Israël…, quelle place peut occuper la recherche française à l’aube du 3ème millénaire ?

C’est ce que nous allons voir dans la 2ème partie de notre conférence

La 3ème période court des années 1980 jusqu’aux débuts des années 2000

Une politique ambitieuse se dessine grâce à la puissance publique : faire de la Recherche une force de frappe pour le développement économique. 

La 4ème période enfin, avec les années 2000, c’est l’européanisation de la Recherche avec notamment la création de l’Espace Européen de la Recherche grâce au Sommet de Lisbonne.

3ème période : une stratégie ambitieuse

La 3ème période fut une stratégie ambitieuse pour faire de la Recherche une force de frappe du Développement économique.

Comment et avec quels moyens ?

Avec l’arrivée au pouvoir de la Gauche en 1981, le monde de la Recherche va connaître sa 3ème phase de développement.

C’est une période de croissance sans précédent depuis la fin de la guerre.

La Loi d’Orientation et de Programmation pour la Recherche et le Développement Technologique, du 15 juillet 1982 est élaborée par Jean-Pierre Chevènement, Ministre de la Recherche et de l’Industrie (1981-1983), la LOP fournit des concepts et outils institutionnels efficaces : la création d’une nouvelle catégorie d’établissements,

  • les EPST (Établissements publics à caractère scientifique et technologique) ;
  • le BCRD (Budget civil de recherche et de développement technologique) ;
  • le CSRT (Conseil supérieur de la recherche et de la technologie) ;
  • les CCRDT (Comités consultatifs régionaux de la recherche et de la technologie) ;
  • la structure de GIP (Groupement d’intérêt public) ;

Hubert Curien, Ministre de la Recherche et de la Technologie (1984 à 1986, 1988 à 1993) prend la relève. Il lui revient de traiter les questions statutaires (titularisations des personnels de la Recherche…

Qu’a apporté la LOP ?

Elle donne une capacité stratégique au politique, à travers notamment l’instrument de coordination d’ensemble que représente le BCRD (Budget civil de recherche et de développement technologique).

Sur le plan structurel :

Les Établissements de Recherche, (CNRS-INRA-INRIA-INSERM-ORSTOM-CEMAGREF-INRETS), deviennent des EPST dotés d’autonomie financière et de personnalité morale.

Avec la Loi du 26 janvier 1984, dite Loi Savary, les Établissements d’Enseignement Supérieur deviennent des Établissements Public (EPSCP) à caractère Scientifique Culturel et Professionnel (Universités, Grandes Écoles…).

Les personnels de l’ensemble de ces Établissements Publics, Chercheurs, Ingénieurs, Assistants-Ingénieurs, Techniciens, Administratifs, sont titularisés. C’est-à-dire ils deviennent fonctionnaires d’État.

La 3ème catégorie des Établissements de Recherche, regroupe les Établissements Publics à Caractère Industriel et Commercial, EPIC, créés après la Libération. (CEA (1945), ONERA (1946), CNES (1961), IFREMER (1984)…

Autres points positifs, ces Établissements connaissent une augmentation significative : des recrutements, augmentation de leurs budgets, l’acquisition d’équipements de recherche. 

Toutefois, leurs personnels n’ont pas le statut de fonctionnaires.

La LOP a ainsi donné un puissant élan pour toute la décennie 80 et reste la clef de voûte de notre dispositif de recherche publique à l’aube du XXIème siècle.

La recherche publique aujourd’hui

Grâce à des politiques volontaristes, la seconde moitié du 20ème siècle a vu une croissance soutenue des laboratoires de recherche, des moyens humains, d’équipements lourds et moyens (accélérateurs nucléaires, télescopes, satellites, gros calculateurs, … ).

La France est ainsi devenue un des leaders mondiaux de la Recherche Scientifique dans de nombreux domaines, espace, aéronautique, nucléaire, agronomie, médecine…

Photo aérienne des laboratoires du Plateau de Saclay
Le Plateau de Saclay, la Silicon Valley française

Quel est l’état de la Recherche française et quels sont ses moyens ?

Les moyens humains :

Les secteurs Public et Privé totalisent 295 754 chercheurs, dont 28% de femmes.

115 308 chercheurs travaillent dans le secteur public et 180 446 dans le privé.

L’organisation :

la recherche publique est menée principalement au sein des :

  • 3000 laboratoires de recherche avec 57 000 enseignants-chercheurs dans les 78 universités,
  • des Établissements d’Enseignement supérieur et des Grandes Écoles d’ingénieurs,

Les moyens financiers :

Le Budget annuel (sanctuarisé) est de 25,49 milliards € pour la recherche publique sur un total de 50,6 milliards d’euros de dépense intérieure de recherche et développement, c’est-à-dire 2,25 % du PIB, ce qui l’a place au 12ème rang mondial derrière le Japon 5ème avec 3,15% et l’Allemagne 7ème avec 2,94%.
A noter que les premiers du classement général sont :

  • Israël et Corée du Sud avec 4,25%
  • Suisse et Suède 3,35% !

Nombre de brevets déposés (palmarès IMPI en 2019) :

  • CEA : 659
  • CNRS : 356
  • INSERM : 46
  • Université de Bordeaux : 45

L’Europe participe au financement des activités de recherche par des contrats (PCRD). des Appels à projet…

Les EPST, fer de lance de la Recherche Publique

La France possède deux outils dans le domaine de la Recherche que beaucoup de pays nous envient :

  • Le CNRS 1er Établissement Public de recherche en Europe et
  • l’INRAE qui est le 2ème !
CNRS – 1er Établissement de recherche publique d’Europe INRAE – 2ème Établissement de recherche publique d’Europe
Budget : 3,400 milliards d’eurosBudget : 1,027 milliards d’euros
31 944 agents titulaires dont :
11 106 chercheurs,
13 511 ingénieurs, assistants ingénieurs
et techniciens,
7 327 non-titulaires (CDD, …)
1/3 des chercheurs recrutés sont des étrangers
11 523 agents
1 965 chercheurs : 23 %
3 115 ingénieurs et assistants ingénieurs : 37 %
3 333 techniciens : 40 %
3 110 non-titulaires
Recrutements par concours et sur contrats (CDD) Recrutements par concours et sur contrats (CDD)
18 délégations régionales
7 départements
18 centres de recherche
14 départements de recherche
950 unités de recherche (laboratoires)
133 unités de service
268 unités de recherche, de service
et expérimentales
Évaluations : Toutes les activités de recherche des
agents, des unités, des départements, des
Établissements, sont évaluées par des Instances :
CSS, CEI, AERES
Évaluations : Toutes les activités de recherche des
agents, des unités, des départements, des
Établissements, sont évaluées par des Instances :
CSS, CEI, AERES
Comité consultatif national d’Éthique Comité consultatif national d’Éthique
Source

4ème période : l’européanisation de la recherche

La 4ème période s’étend du début des années 2000 à nos jours. L’Europe devient le booster de la Recherche. Avec le Sommet de Lisbonne 2000, l’Espace européen de la Recherche EER voit le jour.

L'Europe de la Recherche
L’Europe de la Recherche

Il traduit la volonté de l’Union Européenne de mettre en place une politique européenne de la recherche, cohérente, concertée, fondée sur l’excellence scientifique, la compétitivité, l’innovation et la coopération.

  • But : Faire de l’Europe l’Économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du Monde d’ici 2010
  • Objectifs :
    – chaque pays doit consacrer 3% du PIB pour la Recherche & Développement
    – recruter en dix ans 700 000 chercheurs.
  • Moyens :
    – mise en place de la Charte européenne du chercheur et
    – création d’un visa et d’un passeport pour chercheurs voulant effectuer des séjours dans un pays tiers.

L’Europe finance aussi des Bourses d’accueil telle que Marie Curie. Parmi les organismes bénéficiaires, nous trouvons le Pôle Forêt Bois de l’INRA Cestas-Pierroton. 

Autres financements européens : Les Fonds Européens pour le Développement Régional (FEDER). Ces fonds servent à financer des projets de CPER (Contrat de Plan État Région) de constructions et d’équipements.

Le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 recentre les financements sur 3 priorités : l’excellence scientifique, la primauté industrielle, les défis sociétaux. Il est doté de 79 milliards d’€.

L’Europe, une réussite techno-scientifique et industrielle

Au sein de l’Europe la France est un partenaire scientifique de 1er plan. Elle fait partie des pays fondateurs des organismes de recherche fondamentale, appliquée et finalisée.

  • Domaine nucléaire :
    CERN (sept. 1954) : Conseil européen pour la recherche nucléaire : Effectifs : 3 197 – 23 pays membres.
    La France est un des 12 pays fondateurs avec : Royaume-Uni – Pays-Bas – Suisse – Italie – Allemagne – Belgique – Grèce – Norvège – Suède – Danemark – Yougoslavie.
  • Domaine spatial : Hubert Curien est véritablement le père de l’Europe Spatiale :
    ESA (1975) : Agence Spatiale Européenne : 2 233 employés – 22 pays membres.
    La France est un des 10 pays fondateurs avec l’Allemagne – Espagne – Italie – Royaume-Uni – Pays-Bas – Suisse – Belgique – Suède – Danemark.
  • Domaine aéronautique : Airbus  (1970) : Consortium européen regroupant 4 pays :
    France – Royaume-Uni – Allemagne – Espagne. Effectifs : 129 442 employés.
  • Domaine Biologie et Génétique : EMBL (1974) : Laboratoire européen de biologie moléculaire
    24 pays membres : France – Allemagne – Belgique -Italie – Luxembourg – Pays-Bas – Royaume-Uni – Suisse – Espagne – Portugal – Grèce – Autriche – Danemark – Norvège – Finlande – Israël

Le poids de la recherche française dans le monde

La France occupe le 6ème rang mondial pour les publications scientifiques avec 120 908 (2,8% des publications).

Informatique : Elle fait partie du club très fermé des pays détenteurs des supercalculateurs. Avec son supercalculateur Jean Zay puissance 28 petaflops (28 millions de milliards d’opérations/seconde), la France possède le 10ème superordinateur le plus puissant au monde ! Elle se classe pour le nombre de supercalculateurs au 4ème rang mondial, avec 19 supercalculateurs : 

Voici le classement :

  1. Chine 219
  2. États-Unis 116
  3. Japon 29
  4. France 19
  5. Royaume-Uni 18
  6. Allemagne 14.

Espace : elle se place juste derrière les États-Unis et la Russie avec ses lanceurs Ariane.

Distinctions scientifiques

Prix Nobel : la France avec 69 Prix Nobel se classe au 4ème rang, derrière le Royaume-Uni au 2ème rang avec 130 et l’Allemagne 3ème avec 108.

Médaille Fields : elle est au 2ème rang derrière les États-Unis avec ses 12 Médailles Fields !

Prix Markus Wallenberg (Nobel de la Recherche Forestière) 1 Médaille sur 33 attribuées :
8 Suède – 7 Finlande – 5 États-Unis – 4 Canada – 3 –  2 Allemagne –  Australie – Autriche – Italie – Japon – Norvège.

Conclusion

Nous venons de voir que la recherche scientifique en France est passée en 140 ans d’un statut d’acteur secondaire, cantonnée dans les murs universitaires, à celui d’acteur majeur occupant l’ensemble des secteurs économiques, (industries – Banques – Assurances), Défense, Sécurité et de la Communication.

La recherche n’est pas uniquement le fait de la Puissance Publique. Le secteur Privé, avec ses grandes entreprises qui ont chacune leurs laboratoires, est un partenaire incontournable.

Les activités de recherche ne sont pas le fait de quelques individus si brillants soient-ils, ni d’unités isolées.

Les multiples partenariats

Public-Privé, État-Région, Europe-Région, et Organismes internationaux, permettent l’innovation et le développement économique des territoires.

L’État n’est plus le seul financier car il ne peut assurer à lui seul le rôle de banquier.

Les unités associées, unité mixte de recherche, labo d’excellence, plate-forme technologique, pôles de compétitivité sont les nouveaux cadres où les activités de recherche se déploient.

Sans recherche, pas de technologie. Et sans technologie, un pays ne peut assurer sa sécurité extérieure et intérieure, ni mener une compétition économique, ni être un partenaire respecté et écouté sur la scène internationale.

 Les 4 atouts qui ont permis jadis à certains pays d’accéder au rang de grandes puissances sont remplacés par la haute technologie. La matière grise a éclipsé en grand partie les matières premières.

Dans le top vingt des pays qui ont une réelle influence sur la scène internationale, nous trouvons des pays qui ne possèdent aucun des 4 atouts des siècles derniers, mais par contre, ont un haut niveau technologique et scientifique (Japon, Corée du sud, Suède, Israël, Suisse…).

L’internationalisation de la Recherche et la compétition mondiale imposent la mise en commun de moyens en personnel et des équipements.

La Science en ce début du 21ème siècle façonne notre quotidien avec les outils numériques, l’intelligence artificielle, Big Data, la génétique, la biologie, le nucléaire…

Au début du 20ème siècle, la Science faisait rêver, mais en ce début du 3ème millénaire, la Science fait peur avec les OGM, clonage, nucléaire, manipulations génétiques, eugénisme…

Le progrès scientifique n’est plus synonyme de bien-être.

Les intérêts financiers, la compétition technologique entre les pays risquent de dénaturer le but de toute recherche scientifique qui est l’avènement d’un avenir meilleur où chaque être humain a sa place au soleil.

Un des outils qui a été mis en place dans l’ensemble des organismes de recherche pour prévenir des dérives, sont les Comités d’Ethique. Ils sont les sentinelles de notre humanité.

Mais la responsabilité ultime, appartient à chaque citoyen d’exercer sa vigilance, en gardant un esprit critique.

« Ayez le culte de l’esprit critique. Réduit à lui seul, il n’est ni éveilleur d’idée, ni un stimulant de grandes choses. Sans lui tout est caduc. »

Louis Pasteur

L’histoire de la recherche depuis la fin du 19ème siècle et notamment son européanisation nous montre que la coopération entre les pays et la solidarité entre les peuples sont des moteurs plus sûrs.

« Je suis convaincue que la science n’est pas faite pour la compétition internationale et économique, mais pour explorer le monde réel. On peut empiler des chercheurs et des milliards, sans découvrir ce qu’il faut, car ce n’est pas prédictible ».

Hélène Langevin-Joliot, fille de Frédéric et Irène Joliot-Curie

Fin : On ne peut penser juste en croyant faux