Le 13 mai 2023, le Château Latour-Martillac nous a offert l’accueil pour près de 2 heures de conférence avec Denis THIÉRY. Un peu plus de 50 personnes ont écouté notre conférencier qui a su transmettre avec brio sa passion pour ce sujet de recherche qui défraie depuis 2004 les actualités françaises et de plus en plus aussi celles de nos voisins européens.
Nous remercions vivement M. Hervé Kressmann et sa famille pour l’excellent accueil dans cette belle salle de conférence. A l’issue de la conférence, H. Kressmann nous a fait visiter le chai du Château Latour-Martillac et nous a offert une dégustation. Merci !
Qui est Denis Thiéry ?
Pour introduire la conférence, Mustapha Aliouat, président de Cultures & Société a remercié M. Kressmann et sa famille avant de présenter notre conférencier.
Bienvenue à toi, cher Denis, et merci infiniment d’avoir accepté notre invitation pour venir nous parler, malgré ton emploi du temps très chargé, de sa majesté le roi des hyménoptères, le Vespa velutina, plus connu sous le nom de frelon asiatique.
Tu es Directeur de recherche de 1ère classe de l’INRAe, médaillé d’Or 2016 de l’Académie d’Agriculture de France. Ton domaine de compétences est l’Écologie expérimentale, l’Écologie comportementale, la communication chimique, la physiologie sensorielle, olfaction et gustation.
Tu considères que tu as eu un itinéraire chanceux ! Tu as en effet côtoyé au cours de ta longue formation universitaire les papes et papesses de l’Écologie, à commencer par Vincent Labeyrie, Fondateur de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte de l’Université François Rabelais de Tours, qui fut ton directeur de thèse.
Ce grand scientifique, ancien Résistant, fut un des précurseurs de l’Écologie politique avec René Dumond, candidat écologiste aux présidentielles de 1974.Mais revenons à ton parcours, car c’est toi notre invité !
Ton travail de thèse portait sur le comportement des larves néonates de bruche du haricot. Formé par une telle figure de l’Écologie et de la Résistance, Vincent Labeyrie,
tu ne pouvais donc qu’être un brillant scientifique, doté d’une conscience citoyenne aiguë. La leçon qu’il rabâchait aux jeunes doctorants était alors : on entre dans la science comme en religion.Après ton doctorat (1981), sur l’Écologie, évolution, systématique et biologie des populations, tu effectuas un séjour post-doctoral de 3 ans à l’Université de Wageningen aux Pays-Bas. Et là quelle aubaine ! Tu collaboras avec tous les grands noms de la Science des Insectes de l’époque !
En 1985 tu fus recruté comme Chargé de Recherche au laboratoire INRA de Neurobiologie des insectes (abeilles, papillons) à Bures sur Yvette en Essonne. Là aussi, selon tes propres termes, tu as eu la chance, de travailler sous la houlette de la Papesse de la Neurobiologie de l’olfaction en France, Claudine Masson.
Puis en 1997, mobilité vers Bordeaux. C’est là que tu développas la majorité de ta production scientifique sur les insectes ravageurs de la vigne et leur biocontrôle (confusion sexuelle par phéromones, lutte biologique par ennemis naturels médiateurs chimique des plantes, rôle de la plante dans le système immunitaire des papillons).
En 2007, te voilà nommé pour 11 ans, D.U. de l’UMR SAVE, du Centre de Recherche de l’INRA de Villenave-d’Ornon. Tu fis évoluer l’UMR Save vers l’agroécologie du vignoble. Sous ta houlette de chef de division, quelques chercheurs, ingénieurs, techniciens et thésards, te suivirent comme un seul Vespa velutina, heu, non ! comme un seul homme.Olivier Le Gall (que nous avons eu l’honneur d’avoir deux fois, comme conférencier), alors chef de département et Marion Guillou, DG de l’INRA , ne pouvaient que donner leur accord. Tu lanças des travaux (en plus de la vigne) sur le frelon asiatique avec comme recommandation : l’INRAe Bordeaux ne peut rester inactif devant l’intrus des vallées et montagnes sino-indiennes et Indonésiennes, déjà installé à Villeneuve sur Lot ! Pas de doute, son introduction à 100 km de Bordeaux est bien une catastrophe !
Nos deux DG Olivier Le Gall et François Houillier t’avaient donné leur feu vert, mais « à condition que tu ne demandes ni des sous, ni des postes, et que cela ne se voit pas trop ! » Voilà qui a le mérite, d’être clair ! Depuis, avec tes collègues, vous êtes quand même parvenus à être l’un des groupes les plus publiant sur les frelons !L’invasion de l’intrus, te rappela la mise en garde écrite en 1975 par un des grands spécialistes des frelons (Spradberry chercheur néo-zélandais) : « Ne laissez jamais une fondatrice de frelons entrer sur un territoire… ».
Depuis on a près d’un million de nids en France et ça continue à augmenter. Il est vrai que cette prophétie n’était pas très sexy à côté de quelques discours de collègues qui disaient : « on va voir ou ça mène, et seuls les apiculteurs en souffriront… »C’est pourquoi parmi les citations qui peuplent ton esprit, il y a celle de Gérald Bronner : « L’impression de savoir est bien plus dangereuse pour la connaissance que l’ignorance ».
Grâce à ton impressionnante activité scientifique, tu es reconnu par tous les scientifiques comme étant le grand spécialiste des hyménoptères ! En un mot, te voilà un Pape à ton tour, des Science des Insectes ! En 2016, l’Académie d’Agriculture de France te décerna la Médaille d’Or ! Récompense ô combien méritée !
Et maintenant sans plus tarder, je te laisse cher Denis la parole. Nous t’écoutons avec plaisir et impatience.
Malheureusement, le son de notre enregistrement vidéo n’a pas été satisfaisante. Heureusement, nous avons également fait un enregistrement audio que nous vous proposons d’écouter tout en visionnant le diaporama au format PDF que Denis Thiéry a mis aimablement à notre disposition.
Télécharger le diaporama de la conférence
Écouter la conférence au format audio
Pour aller plus loin…
Nous vous invitons à consulter les contenus suivants, si vous souhaitez approfondir le sujet :
- La page où vous trouverez la carte de progression du frelon asiatique
- La télémétrie : outil stratégique de lutte et d’élimination
- Un nid de frelon asiatique en construction
- Une reine frelon asiatique furieuse
- Pas de prédateurs ? Pas si sûr ! (Vidéo sur Facebook !)
- Frelons asiatiques, un essaim de préjugés